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Sam's Garage - Rafistolages d'un bricoleur en Provence
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5 février 2024

Antibes : Méhari burning

Une nuit d’été, un pyromane, deux voitures de plage en feu, pas de témoins… En bref, on dirait un crime parfait. Il ne manquait que ça pour que la psychose s’installe d’un coup sur la Côte d’Azur. Bien sûr, la police a immédiatement pensé au fameux pyromane de Paris qui - durant une période de deux mois il y a quelques années - a mis le feu à toutes les Citroën Méhari de la capitale. D’ailleurs, ce malfaiteur n’a jamais été ni identifié, ni arrêté, malgré l’intervention de quelques futurs superflics qui n’ont pas pu empêcher qu’il y eût plusieurs victimes dont un mort d’asphyxie. Et si ce n’était pas par hasard que tout a recommencé dans cette belle ville des Alpes-Maritimes qui héberge Marineland ? L’histoire est digne d’un polar, c’est comme un film de Chabrol, plein de mystères, une histoire sans fin mais aussi un voyage dans les années 70.

 

MehariPortAzur

 

Nous sommes à Antibes, une soirée de fin du mois d’août. C’est l’année 1977. Cette même année, la dernière exécution à la guillotine a eu lieu en France, l’ONU a instauré la « Journée Internationale de la Femme », l'émission culte « Les grosses têtes », animée par Philippe Bouvard a débuté sur RTL et le « Roi du Rock’n Roll » Elvis Presley est décédé. La foule très nombreuse de touristes vient de quitter leur chambre d’hôtel ou de faire ses bagages sur le camping du « Pylône » dans le quartier de la Brague pour rentrer vers Paris, Londres, Genève et Milan. Seuls quelques habitués sont restés. Subitement, on compte moins d’embouteillages en descendant le boulevard Albert 1er vers la plage de la Salis dont le banc de sable de plusieurs centaines de mètres de long est visiblement moins bondé qu’il y a quelques jours encore. La météo s’affiche plus clémente avec toujours de très belles journées ensoleillées. On dirait qu’Antibes est devenu un havre de paix, le paradis du farniente.

 

Salies

Plaque garage Citroën Antibes, Plage de la Salis, Camping du quartier de la Brague

 

Mais dans un intervalle de seulement quelques minutes nocturnes tout est bouleversé : une première Citroën Méhari a brulé à Antibes, dans l’avenue Gambetta, au n° 11, devant cette belle demeure à deux étages qui existe toujours avec son jardin donnant sur l’angle de l’avenue Tourre. Peu après, une deuxième voiture brule au Boulevard Wilson.

 

Motorburned

 Moteur d'une Méhari restaurée, moteur d'une Méhari incendiée

 

Le lendemain, partout dans la ville, au port, dans les ruelles en bas du marché, tout le monde ne parle plus que de ces incendies. On en parle évidemment aussi dans les bureaux du maire Pierre Merli, l’italien d’Arezzo en Toscane devenu un homme important, marié à Adry Bambini, née à Pérouse, à seulement quelques kilomètres d’Arezzo. Pourtant il l’a connue à Antibes, où ce résistant recherché s’est caché chez les parents d’Adry, les fabricants de pâtes de la rue James Close.

 

MitterrandMerli

François Mitterrand et Pierre Merli à Antibes en 1987, Mitterrand au volant d'une Méhari

 

Il a été surtout un très proche de François Mitterrand, ce dernier a même passé son voyage de noces avec Danielle chez les Merli sur la Côte d’Azur. Pierre Merli a été aussi un grand amateur des voitures au double chevron, même s’il a finalement changé pour une Mercedes. Pierre Merli ne doutait pas souvent, mais parfois, en des circonstances si graves… De l’inquiétude s’installait aussi dans les vastes hangars du garage de Blanche et Armand Escalier, les dirigeants de la concession Citroën située au nord de la cité des Remparts depuis le début des années 1960…

 

BdGambetta

Avenue Gambetta à Antibes : une première Citroën Méhari au niveau du n° 11

 

 

Mettre le feu à toutes les Citroën Méhari de Paris

 

Tout avait commencé en hiver 1973 à Paris, entré Noël et le Nouvel An, le 27 décembre exactement. C’était dans le 13ème arrondissement, du moins selon les premières informations. Ainsi, cinq ans après son lancement, la Citroën Méhari a de nouveau fait les grands titres de l’actualité, mais pas comme d’habitude dans les pages de « L’ Automobile Magazine » ou de « L’ Auto-Journal », mais dans la rubrique faits divers de tous les quotidiens et émissions radio ou télé, pas seulement parisiens mais aussi provinciaux. Une voiture a été incendiée, une seconde, puis une troisième, une dizaine, une cinquantaine… Les feux se succèdent à un rythme infernal. Les policiers Parisiens s’étonnent que l’incendiaire ne s’attaque qu’aux voitures de plage de marque Citroën, et placent des patrouilles de policiers supplémentaires dans la capitale, chaque nuit plusieurs dizaines de policiers. Au total 150 agents sont mobilisés… mais l’enquête patine. Ils arrivent toujours trop tard sur les lieux, les riverains n’ont rien vu et le pyromane qui ne laisse pas de traces reste introuvable. La psychose s’installe chez les conducteurs de Méhari. Sur les ondes de France Inter une propriétaire de ce modèle se plaint de ne plus dormir la nuit, tellement elle aurait peur qu’on mette le feu à sa petite voiture, et Patrick Poivre d’Arvor interroge même un psychiatre pour dresser un portrait psychologique de l’incendiaire.

 

MagLivres

La Méhari dans la presse spécialisée et l'edition de livres

 

Le 9 février 1974, une Méhari garée dans un garage, toujours dans le 13ème arrondissement, est incendiée et le feu se propage à l’immeuble, intoxiquant cinq résidants. L’un d’eux meurt asphyxié quelques minutes plus tard à l'hôpital.

 

Paris13

Paris, le 13ème arrondissement

 

A partir de cette nuit l’incendiaire cesse de mettre le feu à la petite voiture de plage. C’est la fin de l’histoire. Officiellement, on comptabilise 63 Méharis brûlées et l’auteur n’a jamais été identifié. L’affaire a été classée au rayon des dossiers non résolus.

 

Méhariburned1973a

 Le 9 février 1974, la dernière Méhari incendiée à Paris

 

 

Des superflics livrent leur interprétation des faits

 

Quand, en 2016, un ex-superflic du 36 Quai des Orfèvres et ancien patron du Raid, sort ses mémoires « Dans le secret de l’action » on apprend d’autres détails de l’affaire. Jean-Louis Fiamenghi a été responsable de la sécurité du Pape Benoit XVI lors de sa visite en France, ainsi que du président Obama et il a assuré la protection de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Il a été en contact avec Arafat, a mis fin à la cavale en Corse d’Yvan Colonna et a été dans le commando qui a tué « l'homme aux mille visages », Jacques Mesrine dans sa BMW verte. On surnomme Fiamenghi « Bébel » et son premier fait d’armes n’a été rien d’autre que cette affaire du pyromane de Méhari à Paris. C’était avant tout une école de patience, il fallait se fondre dans le décor lors des filatures pendant de longues heures. Il découvre aussi que son chef de groupe de l’époque est un ripou, tenté par l’argent, la drogue et autres avantages, comme le commissaire Neyret que « Bébel » a formé plus tard.

 

SarkoMesrineCollona

 Nicolas Sarkozy et superflic Jean-Louis Fiamenghi, la BMW verte de Mesrine et l'arrestation d'Yvan Colonna en Corse

 

Mais en ce qui concerne les Méhari, on apprend que finalement le chiffre officiel serait faux, il n’y avait pas seulement 63 voitures de plage qui ont brûlé, mais au moins 90 seulement à Paris. Déjà en octobre 1972 une quinzaine de Méhari étaient parties en fumée dans le 18eme arrondissement sans qu’on retrouve leur incendiaire. Il n’est pas étonnant que les ventes de la Méhari aient brusquement chuté en 1974.

D’autres superflics ont également parlé de l’affaire, tout au début Pierre Ottavioli, commissaire corso-marseillais connu depuis la disparation d'un des principaux opposants socialistes au roi Hassan II ainsi que du chef de file du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste, Mehdi Ben Barka en 1965. Il s’est aussi occupé de l’affaire Marković, un trafiquant de drogue, ancien employé d’Alain Delon. Il a rendu service à l’acteur en tant que garde du corps, secrétaire et chauffeur. Delon s’est séparé de lui après avoir appris que Marković était accessoirement l’amant de Nathalie, son épouse. Le serbe Stévan Marković a été assassiné en 1968, tout laissait penser à un règlement de comptes dans le milieu des stupéfiants. Mais l’affaire a rapidement impliqué la femme du Premier Ministre Pompidou. Selon les rumeurs de l’époque, Claude Pompidou aurait participé à des parties fines dont des photos se trouvaient entre les mains de ce refugié yougoslave devenu criminel, et pourquoi pas maître-chanteur …

 

DelonPompidou

 Natahalie Delon et Stévan Marković, Alain Delon avec Mireille Darc au volant d'une Méhari et Claude et Georges Pompidou à la plage

 

L’investigation dans l’affaire des Méhari incendiées a été confiée à Pierre Folacci, un des piliers de la PJ de Marseille, dès janvier 1974. C’est finalement à Marseille qu’un suspect s’est autodénoncé. Il a été interpellé mais il s’avéra être un mythomane.

 

Un second rôle pour Marineland ?

 

Trois ans et demi plus tard, l’affaire sorts des cold-cases sur la Côte d’Azur, réchauffée par les cendres de l’incendie de deux voitures fin août dans le centre d’Antibes.

En fait, cette voiture de plage réalisée avec une carrosserie plastique en ABS qui ne résistait pas du tout au feu a été conçue par le grand capitaine industriel Roland de la Poype (1920 – 2012) qui a également créé Marineland en 1970 pour faire « connaître la vie des grands animaux marins ».

 

PoypeDop

 Pub pour le berlingot Dop, show à Marineland, Nicolas Sarkozy remet à Roland de la Poype la Grand'croix de la Légion d'honneur en 2008

 

Après avoir fondé le pionnier français de l'emballage plastique, la « Société d'Etudes et d'Applications du Plastique » (devenue DuPont Liquid Packaging Systems), Roland de la Poype met le shampooing « Dopal » de L'Oréal, jusqu’ici seulement connu des coiffeurs professionnels, dans un petit berlingot en plastique souple et transparent nommé DOP qui va connaitra à partir des années 50 un énorme succès commercial dans les rayons des drogueries et supermarchés. Vendu à des dizaines de millions exemplaires par an, le petit sachet de shampooing a été proposé à l'unité ou en chapelets multicolores, en bleu, vert, jaune, rouge et violet.

Pour son invention d’une voiture de plage commercialisée par Citroën à partir de 1968, Roland de la Poype, le roi du plastoc, reste dans sa spécialité. Il utilise un polymère résistant, teinté dans sa masse de couleurs psychédéliques, pour mouler la carrosserie sur un cadre en tube d’acier monté sur le châssis, avec la mécanique simple et le moteur à deux cylindres de la Dyane 6.

 

MehariPlageFontonne

 Une Méhari sur les galets de la plage de la Siesta entre le Fort Carré d'Antibes et Marina Baie des Anges

 

C’était une voiture « FAF », facile à fabriquer et facile à financer, fortement inspirée de la Baby Brousse ivoirienne ou de La Dalat vietnamienne. Citroën en fabriquera 140.000 exemplaires. Vendue même aux Etats-Unis, c’était presque un succès mondial, mais la voiture n’a pas été homologuée dans certains marchés très importants comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne à cause de la caisse inflammable. Pour ces marchés, des petits constructeurs ont esquissé des copies.

 

DalatBrousse

La Dalat vietnamienne et la Baby Brousse ivoirienne

 

Ainsi la société germano-américaine Fiberfab à Ditzingen, un petit village médiéval dans le sud-ouest de l’Allemagne, a fabriqué d’août 1975 à 1982 un modèle sur la base de la 2 CV qui a été commercialisé en pick-up ou 4 places, avec pare-brise rabattable et un hard-top en option.

 

FiberfabNamco

Une Fiberfab Sherpa verte et la Namco Pony en bord de mer

 

La Méhari d’outre-rhin a été nommée « Sherpa », livrée aussi en kit en fibre de verre à monter soi-même, en seulement cinq heures après démontage de l’ancienne caisse de la Deuche. Seulement 250 exemplaires ont été vendus, un échec commercial, car au même moment un des plus importants concessionnaires grecs, Namco, a eu l’idée de lancer le modèle « Pony », basé sur la Dyane 6 et fabriqué dans une nouvelle usine à Thessalonique. Vendue en 1979 à presque 5000 exemplaires, elle a été la voiture la moins chère de Grèce. La Namco Pony a été fabriquée jusqu’en 1983. La Méhari française, elle, a été encore construite jusqu’en 1987.

 

Sauf qu’en 2018 l’affaire refait surface

 

Bizarrement, le 6 juillet 2018, donc 50 ans après le lancement de la Méhari, à la sortie de l'école maternelle Jacques-Boissier à deux pas de l’hôpital de la Fontonne à l’est de la ville d’Antibes, un après-midi vers 16 h 30, une Méhari s'est embrasée sur le parking de l’établissement scolaire. Le sinistre soudain et très violent s'est propagé à cinq autres véhicules. La Méhari, appartenant à un parent d'élève, a pris feu de manière accidentelle selon les constats. Plus de peur que de mal, pas de victimes grâce aux policiers municipaux chargés de la circulation qui mirent immédiatement en place un périmètre de sécurité pour permettre aux pompiers d’intervenir rapidement sur l'incendie.

 

Fontonne

Méhari en feu sur le parking d'une école maternelle à la Fontonne/Antibes, l'église du quartier 

 

La Maternelle se trouve à seulement quelques pas de la gare de Biot, en bas de Marineland. Ce parc animalier rencontre depuis octobre 2015 d’importantes contestations de la part des défenseurs de la cause animal, après le mort de 20 animaux, dont 5 orques. Des pluies diluviennes ont provoqué cet automne une vague boueuse de deux mètres qui déferlèrent désastreusement sur les bassins de Marineland.

 

PamelaMarineland

Pamela Anderson manifeste à Antibes contre le parc animalier Marineland

 

Puis, encore en juillet 2018, une série importante de manifestations contre le parc animalier a eu lieu à Antibes et Nice avec des actions très impressionnants, d’enchaînement, de faux cimetières aux animaux et de flash-mobs. Même la célèbre star américaine Pamela Anderson est venue les soutenir. Mais c’est une tout autre histoire…

 

Les vraies énigmes

 

Dans cette affaire, de nombreuses questions se posent. Est-ce qu’il y a un seul ou plusieurs incendiaires, en collaboration ou non ?  Est-ce qu’il existe un lien entre les actes de pyromanie à Paris en 1973/1974 et à Antibes en 1977 ? Quelles sont les motivations : vengeance, perversion, ego… ?

Il n’existe pas de réponses satisfaisantes, pas de certitude. Mais, des décennies après ces évènements, on peut toujours privilégier la même piste que la police a suivi initialement, dès les premiers jours de janvier 1974. Il s’agirait d’un pyromane isolé, donc sans complices. L’incendie des Méharis de Paris a été mis dans un rythme d’environ deux voitures par nuit, le malfaiteur ayant toujours agi à pied. Les actes n’ont jamais été revendiqués ou signés, il n’y a pas de témoignages exploitables, ni d’indices laissés.

Qui en est l’auteur ? Un type vaniteux qui a incendié les voitures pour qu’on parle de lui ? Simplement un fou ou un alcoolique agressif qui chercherait à se venger ? Mais se venger de quoi et de qui ? De Roland de la Poype, le père de la Méhari et de Marineland ?

 

En général, un homme peut se transformer en criminel par manque ou par trop-plein d'amour...

 

Difficile de faire un profiling, mais on peut constater que le malfaiteur doit être d’un caractère très discret, organisé et déterminé. Il voulait qu’on parle de ses actes, sans s’en vanter personnellement.

C'est cela l'essentiel : tout ça pour finalement pas grande chose.

Sans revendication nous n’avons pas non plus la moindre idée sur ses vraies motivations. S’agissait-il d’un acte dans l’esprit de mai 68, contre la France bourgeoise, contre une société de surconsommation dont la voiture est un symbole, une attaque écologique de la classe moyenne de l’après-guerre et des Trente Glorieuses ?

Ou tout son contraire ? Même si la voiture a été présentée en mai 68, cela ne s’est pas passé sous les barricades. La voiture de plage, entourée d’une vingtaine de belles mannequins, a été présentée dans l’enceinte du golf de Deauville, un temple de la grande bourgeoisie. Peut-être l’incendiaire préférait-il les berlines classiques et les dames galantes, détestait-il le progrès, la modernité, les filles en jeans ? Et l’apparition de la Méhari aurait été pour lui un sacrilège.

 

Deauville

La présentation de la Méhari dans le golf de Deauville en 1968 

 

Est-ce qu’il y a des raisons très personnelles, comme par exemple la perte d’un proche, sa femme, son enfant, ses parents, dans l’accident d’une Méhari ?

Non, on n’arrivera pas à découvrir ce qui le motivait. Mais quand il est passé de pyromane à homicide, a-t-il alors compris qu’il était allé beaucoup trop loin ? Ou a-t-il quitté Paris pour se cacher, pour refaire sa vie ailleurs ?

Ce qui frappe, c'est qu'il y a une forte probabilité que ce soit le même pyromane de Paris qui a recommencé dans cette nuit du mois d’août 1977 à Antibes. Il y a trop de similitudes, et on sait qu’il n'y a pas deux délinquants qui se ressemblent. On sait seulement qu’après les Méharis en feu à Antibes en 1977, le dossier n’est plus jamais sorti des cold-cases.

 

MehariAzur

 

Aujourd’hui, des décennies après, il y a prescription. Si l’incendiaire est encore parmi nous, peut-être habite-il à Antibes dans un confortable appartement du centre-ville, ou dans une somptueuse villa du Cap d’Antibes. Il aurait sans doute 68 à 70 ans, même un peu plus, peut-être. On aimerait tellement avoir de vraies explications, ou – au moins - un plaidoyer magistral de sa part qui mériterait d'être lu, analysé et médité... Car personne ne naît délinquant !

copyright : Johannes Samuel, 2024

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